Synthèse de Monique ROYER

-Thème de l'atelier : le relations Ile de Ré-La Rochelle
Animateurs : Nathalie Vauchez (conseil de développement), Lionel Quillet (Maire de
Loix)
Introduction du débat : Nathalie Vauchez
Le cadre du débat
Le thème des relations Ile de Ré La Rochelle s'inscrit dans un décalage entre le quotidien d’un
grand nombre de rétais et l'approche des politiques. D'un côté, l'le de Ré et La Rochelle
constituent ensemble un bassin de vie, de l'autre on constate une certaine ignorance de La
Rochelle, dans le schéma directeur par exemple. L'interdépendance des deux territoires est
pourtant réelle, par la proximité facilitée par le pont, par le flux migratoire quotidien de la
population active dans les deux sens et enfin, par l'évasion commerciale vers Beaulieu ou le
centre ville de La Rochelle qui pour les dépenses non alimentaires avoisinent les 70%. L'Ile de
Ré et La Rochelle sont fréquemment associées en terme de destination touristique, elles
partagent le même aéroport et bénéficient de la même gare SNCF. Les services de santé sont
pour la plupart localisés sur La Rochelle. Alors, comment expliquer le manque de relations
politiques entre les deux territoires?
Par des raisons historiques sans doute : l'histoire de l'Ile de Ré est émaillée de conflits avec le
continent pour défendre son territoire. L'insularité induit une certaine défiance envers notre
voisine avec en toile de fond la crainte d'être absorbés dans le rapport du nombre d'habitants
(15 000 contre 150 000). L'image de l'Ile de Ré, île perçue comme riche, pas toujours
accueillante, est peu propice à des relations cordiales. Enfin, les raisons politiques ne sont pas
étrangères à ce faible lien.
Des propositions
Pour préparer le débat, des questionnaires ont été envoyés à des présidents d'association, au
député de la circonscription, à la chambre de commerce et d'industrie, au conseil de
développement de La Rochelle, à des élus, des citoyens, des chefs d'entreprise. De la
quarantaine de questionnaires reçus, il peut être dégagé quelques lignes de force. La nécessité
d'un diagnostic est partagée avec l'idée de créer des observatoires pour chacune des entités.
L'importance de protéger son identité pour mieux s'ouvrir à l'externe mais aussi en interne est
soulignée. L'impact fort de La Rochelle sur le devenir de l'Ile de Ré est communément admis.
Au niveau de l'économie, de l'emploi et de la formation, une stratégie commune pourrait avoir
comme objectif de contenir la fréquentation estivale et d'accroître l'activité hors saison. Un
observatoire économique, émanant de la CCI (chambre de commerce et d'industrie),
permettrait d'élaborer une charte d'urbanisme commerciale spécifique à chaque territoire pour
aboutir à une étude commune évaluant l'existant et déterminant les besoins, les types
d'activités et de services qui pourraient s'installer dans l'Ile et assurer une politique attractive.
L'aspect formation serait pris en compte par de études spécifiques sur les besoins en
compétences. Le devenir de l'aéroport et le développement des services insulaires malgré la
concurrence rochelaise doivent aussi être traités.
Au niveau des équipements, la question du logement et en particulier du logement social est
une préoccupation centrale sur laquelle pourrait se pencher un conseil de l'habitat permanent,
intégrant par exemple l'agence d'urbanisme Nord 17. La question des transports suscite un
certain nombre de propositions comme la création d'un vaste parking côté rochelais avec un
transport multimodal ou encore la mutualisation des transports en commun en intégrant l'Ile
de Ré dans les réflexions de la communauté d'agglomération rochelaise. Une étude sur les
motifs de déplacement, les flux migratoires quotidiens, semble nécessaire.
La préservation des espaces naturels rochelais ne peut se faire sans associer les rochelais dans
une réflexion autour des énergies renouvelables, la gestion de l'eau, des déchets, la
préservation de la biodiversité des pertuis et de l'estran. Il en est de même pour la sécurité
des biens et des services, les secours ou les incendies, qui réclame une meilleure coordination.
Eclairage de Lionel Quillet
Lionel Quillet regrette un manque d'humilité des élus rétais vis à vis de La Rochelle qui ont
l'impression que l'Ile n'a pas besoin de La Rochelle pour réussir, surtout au niveau de
l'environnement, sans doute par traditions historiques d'opposition (guerres
catholiques/protestants, droite/gauche, île/continent). Il n'existe pas à proprement parler de
compétence économique à la communauté de communes. D'autre part, la crainte du
rattachement de l'Ile de Ré à la communauté d'agglomération rochelaise est prégnante.
Les contacts sont plutôt individuels par des rencontres avec des élus de la communauté
d'agglomération rochelaise ou le député Maxime Bono. La croyance que chacun peut vivre face
aux autres sans relations est erronée puisqu'il existe une forte dépendance vis à vis de La
Rochelle notamment par l'évasion commerciale ou encore pour les services aux entreprises.
Une entreprise rétaise doit se délocaliser lorsqu'elle emploie plus de trente salariés à cause des
problèmes de logement, de transport et de livraison, du prix du foncier.
La gestion des communes en communauté de communes est compliquée ; ce qui fonctionne
en apparence n'est pas géré. Les activités viables ne se transmettent plus , les artisans se
dirigent vers des activités de location. Il y a nécessité de gérer ce qui fonctionne, la
responsabilité des élus est de veiller à l'attractivité au risque de chasser les gens par la non
action.
Il n'existe pas de réalité de la communauté de communes dans l'esprit de la population qui
recherche des solutions plutôt auprès de la mairie. Il n'y a pas de projet politique réel pour
l'ensemble de l'Ile de Ré.
Témoignages
Le conseil de développement de La Rochelle
A la communauté d'agglomération de La Rochelle, on a également tendance à ignorer ce qui
est autour. Une étude a été réalisée par le conseil de développement sur les relations avec les
communautés périphériques. Il en ressort que peu de travaux peuvent être réalisés sur une
seule communauté, pour les questions liées au transport en particulier. Pour résoudre les
problèmes, il faut dépasser les limites de la communauté d'agglomération et réfléchir à la
notion d'agence d'urbanisme comme un outil d'aide à la décision pour l'ensemble des
communautés environnantes ( Pays d'Aunis, Rochefort).
Le conseil de développement de La Rochelle s'appuie sur des expertises pour présenter des
rapports au bureau communautaire. Si le bureau accepte les propositions, elles sont
présentées en assemblée plénière. Cela a été le cas par exemple pour la réhabilitation de
logements vacants, l'élaboration d'une charte culturelle ou la modification du sens de
circulation dans La Rochelle. Une étude est actuellement menée sur l'avenir du transport
aérien en Charente Maritime en prenant en compte les conditions économiques,
environnementales, sociales, de l'emploi, des structures pour assurer cet avenir.
Un mi-temps et des moyens logistiques sont mis à disposition du conseil de développement
par la communauté d'agglomération.
La CCI de La Rochelle
Les entités sont séparées , pourtant le développement de l'Ile de Ré et de La Rochelle est
réciproque grâce à la proximité. L'attractivité touristique, autour du pôle La Rochelle - Ile de
Ré, entraîne une attractivité économique. Mais, la réciprocité n'est pas gérée, elle se fait
malgré nous. L'ensemble du territoire est interdépendant de fait et, tant qu'on ne travaille pas
politiquent sur cette interdépendance, le développement n'est pas contrôlé.
Il est important de réfléchir de façon globale, de s'ouvrir et en même temps de bien définir son
identité.
Echanges avec le public
La question de l'identité
De même qu'il faut distinguer La Rochelle et son agglomération, l'Ile de Ré n'est pas uniforme
avec des différences entre le Nord qui se vide de sa population à l'année et le Sud, plus actif,
qui a des liens forts avec le continent. Au Nord, La Couarde constitue un goulet
d'étranglement. Le manque d'activités et de structures permanentes accélèrent le départ des
habitants.
Pour définir l'identité de l'Ile, l'histoire ne suffit pas, il faut également préciser les points
d'attractivité du territoire, ses plus values, pour mieux définir les complémentarités avec La
Rochelle.
L'identité est liée aussi au paysage. Avec la diminution des activités agricoles, la disparition de
vignes et de champs, ne risque t'on pas d'appauvrir le paysage, de le banaliser?
Les enjeux des relations Ile de Ré-La Rochelle
Pour éviter la sanctuarisation, il faut garder de façon pérenne une population active sur l'Ile de
Ré en structurant le territoire par une politique des transports incluant l'Ile de Ré et La
Rochelle.
Des dossiers comme la gestion des ordures ménagères par le centre de traitement de Surgères
plutôt que celui de La Rochelle dénote d'une méfiance peu productive des élus rétais envers
l'agglomération rochelaise.
Il faut envisager les relations La Rochelle – Ile de Ré comme un véritable système, au sens
thermodynamique du terme et réfléchir dans un sens prospectif pour établir les
complémentarités et les développer.
Le devenir de l'Ile de Ré
L'île de Ré, dans l'imaginaire national ou pour ses résidents secondaires, n'est elle pas avant
tout un lieu de villégiature et pour ces derniers, ne doit elle pas le rester?
Les difficultés de logement grèvent les possibilités de développement d'activités surtout
lorsque l'aspect économique de ce développement n'a pas été suffisamment pris en compte.
L'exemple de l'installation de nouveaux sauniers est à ce niveau probant. 80 sauniers se sont
installés il y a dix ans. Aujourd'hui 40 ne peuvent en vivre totalement, certains ont abandonné
l'activité face aux problèmes de logement ou au manque d'infrastructures au Nord de l'Ile. Le
projet avait été pensé principalement sur l'aspect préservation de l'environnement.
Si le choix qui s'opère est celui du développement d'activités, en facilitant l'installation des
entreprises, on court le risque de voir s'étendre les zones artisanales au détriment de
l'agriculture ou de zones boisées, donc en modifiant substantiellement le paysage, le faisant
ressembler à son voisin le Pays d’Aunis.
Sans concertation, on peut imaginer une Ile de Ré divisée dans le futur entre un Nord préservé
et lieu de villégiature et un Sud, extension de La Rochelle, une sorte de « Manhattan ».
Le devenir de l'Ile de Ré est un problème de choix entre plusieurs orientations : le tourisme, la
création ou la reprise d'entreprises entre autres. C'est aussi une question de structures, les
communes rétaises sont de taille modeste et ne possèdent pas les personnels en nombre
suffisant pour gérer la complexité de la situation. Pour outiller les choix, il faudra sans doute
s'appuyer sur les compétences des chambres consulaires. Pour les mettre en oeuvre, un lien
fort et construit avec La Rochelle sera sans doute nécessaire.
Les questions qui ont été très peu abordées
La politique culturelle pourrait être un lien constructif avec le continent. Or, avec l'année
Vauban et le projet d'inscription des fortifications de Saint Martin au patrimoine de l'Unesco, on
a vu un manque d'implication de la communauté rétaise et un faible relais rochelais.
Les points liés à l'éducation ou à la jeunesse ont également été très peu évoqués.